© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Fekrije SelimiNeurobiologiste

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025 

 

Après avoir soutenu sa thèse à l’Université Pierre et Marie Curie et débuté sa carrière à l’université américaine de Rockefeller, Fekrije Selimi revient en France et entre au CNRS. Aujourd’hui, directrice de recherche au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CIRB, Collège de France-PSL/CNRS/Inserm), elle est à la tête de l’équipe Identité et diversité moléculaire des synapses qu’elle a créée en 2011.

 

 

Née en France de parents albanais, Fekrije Selimi a toujours considéré la diversité comme une richesse, qu’il s’agisse du mélange des cultures et de la mixité au sein de la société, ou, à une échelle microscopique, de la spécialisation de nos cellules, notamment celles du cerveau. Intriguée par le fonctionnement de cette incroyable machine, la biologiste étudie la diversité des synapses, c’est-à-dire la manière dont les connexions entre les neurones se forment puis se différencient les unes des autres pour permettre la transmission des informations.

Le schéma global du cerveau des souris étant assez proche de celui des humains, Fekrije Selimi mène des expériences portant sur les rongeurs, dans le respect du bien-être animal. Avec son équipe, elle s’efforce de comprendre pourquoi certaines molécules sont présentes dans telle synapse plutôt que dans telle autre. Elle étudie aussi dans quelle mesure cela influence le nombre de connexions et leur fonctionnement, sachant que ces variations jouent un rôle important dans la capacité d’apprentissage des souris.

Adaptés aux humains, ces travaux pourraient, à terme, permettre de mieux appréhender certaines maladies liées aux synapses comme les troubles du spectre de l’autisme, qui affectent la communication, les interactions sociales ou le comportement d’une personne, mais aussi la schizophrénie, qui donne une perception perturbée de la réalité. Au-delà du domaine médical, les enjeux sont également cruciaux en termes d’éducation et de modèle de société. En effet, il est désormais prouvé que les premières années sont essentielles dans le développement du cerveau. D’où la nécessité, insiste Fekrije Selimi, de stimuler les enfants, et donc d’investir dans les crèches et les écoles.

Cependant, la recherche a beau traiter de sujets très sérieux, pour la biologiste, cela reste un jeu, fait d’inconnu, de remise en question permanente et d’échanges avec des collègues venus d’horizons multiples. Une diversité que Fekrije Selimi compte continuer à défendre avec détermination.