© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Camille ScallietPhysicienne

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025 

 

Titulaire d’une thèse de l’université de Montpellier, Camille Scalliet a passé quatre ans en Angleterre, dans le cadre d’un post-doctorat à l’université de Cambridge. Depuis octobre 2023, cette trentenaire est chargée de recherche au laboratoire de physique de l’École normale supérieure (ENS-PSL, CNRS) où elle explore, grâce à des simulations numériques, le comportement de matériaux désordonnés comme le verre.

 

« More is different » déclare Camille Scalliet. Elle explique : « Telle est la devise de la physique statistique, une branche de la physique qui cherche à comprendre les comportements collectifs qui émergent quand on met ensemble un très grand nombre d’éléments, qu’il s’agisse d’atomes, de bactéries ou d’êtres humains. En effet, quand on dézoome pour observer l’ensemble, on découvre que le comportement global peut être très différent de ce qu’on observe à petite échelle : il devient souvent complexe, voire surprenant, alors même que les interactions entre les éléments restent simples. Prenons l’eau, par exemple : ses molécules sont toujours les mêmes. Pourtant, à notre échelle, elle peut être liquide, solide ou gazeuse selon la température. Ces états de la matière sont des phénomènes émergents : ils n’existent pas au niveau d’une seule molécule, mais naissent de l’ensemble. » Camille Scalliet est passionnée et sait trouver les mots. 

Au sein du laboratoire de physique de l’École normale supérieure, Camille Scalliet s’attache à comprendre ces phénomènes émergents. Elle s’intéresse particulièrement aux systèmes désordonnés, où la régularité et l’ordre visibles font défaut, mais qui répondent, malgré tout, à des lois collectives. La physique statistique, à ses yeux, est une manière de faire apparaître de l’ordre dans le désordre, de repérer des motifs là où le monde semble imprévisible. Au quotidien, Camille Scalliet développe des algorithmes pour simuler sur ordinateur des expériences types, afin de guider à la fois les théories et les expériences.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours posé des questions sur tout. Dès le lycée, sa curiosité la pousse à s’orienter vers la recherche. Cependant, il n’est pas toujours simple de trouver sa place dans un environnement très largement masculin. Régulièrement, un sentiment d’imposture la fait douter, mais Camille Scalliet continue d’avancer : après ses études à l’ENS, sa thèse puis son post-doctorat lui permettent d’entrer au CNRS comme chargée de recherche. Fière, elle regrette cependant qu’aucune femme n’ait été recrutée pendant une dizaine d’années. Depuis, plusieurs chercheuses ont rejoint le laboratoire, signe d’un changement en cours dont Camille Scalliet se réjouit.