Portrait de Frédérique Marchand-Beaulieu, ingénieure d’études au laboratoire AOROC

Interview Sciences humaines et sociales

​Découvrez le parcours et les fonctions de Frédérique Marchand-Beaulieu, ingénieure d’études au laboratoire Archéologie et philologie d’Orient et d’Occident (AOrOc, CNRS, ENS-PSL, EPHE-PSL). Archéologue et​ assistante de prévention, Frédérique Marchand-Beaulieu nous partage ses projets et sa mission de sensibilisation au sein de son laboratoire.

​​Son parcours

Titulaire d'un Master 2 en archéologie, Frédérique Marchand-Beaulieu avait choisi de s’installer à Rome pour sa thèse car elle travaillait sur du matériel étrusque conservé à en partie à l’école française de Rome. En 2006, après son retour en France, elle réussit le concours d’entrée au CNRS et devient assistante ingénieure en archéologie au laboratoire Archéologie et philologie d'Orient et d'Occident (AOROC, CNRS, ENS-PSL, EPHE-PSL)​ puis accède au corps des ingénieurs d’études en 2022 par concours interne.  

​Ses fonctions dans le laboratoire

Arrivée au laboratoire AOrOc il y a 18 ans au sein de l’équipe « mosaïque », Frédérique Marchand-Beaulieu se consacre principalement aux missions de dessin, de traitement d’image et d’étude de la mosaïque. C’est dans ce cadre qu’elle s’initie à la photogrammétrie sur plusieurs chantiers du laboratoire notamment en Algérie, Maroc, Italie et Turquie. Cette technique de mesure permet de déterminer la forme, les dimensions et la situation d’un objet dans l’espace grâce à plusieurs prises de vues photographiques et de pouvoir ensuite le reconstruire en 3 dimensions. Elle développe par la suite cette pratique au sein du laboratoire pour en faire une de ses spécialités. Frédérique Marchand-Beaulieu fait à présent beaucoup d’imagerie 3D et de modélisation de sites tels que des grottes, des structures souterraines ou en élévation. Après s’être formée de manière autonome, elle donne désormais des formations de photogrammétrie et en dessin assisté par ordinateur pour l’archéologie auprès des étudiants, afin de leur faire bénéficier de ses acquis.

Il y a deux ans, elle a pris l’initiative de devenir assistante de prévention. Elle a suivi la formation de premier secours en milieu isolé proposée par le CNRS dans laquelle elle a appris à gérer des blessures importantes en milieu isolé. Elle a ainsi pour mission de sensibiliser les agents et les responsables de fouilles à la sécurité. Elle prend aussi beaucoup de temps pour informer sur les risques psycho-sociaux, soulignant que même si leur métier est un métier de passion très épanouissant, il n’est pas exempt de risques. Depuis 2022 Frédérique Marchand-Beaulieu a aussi mis en place des affiches et de la prévention sur les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement sur les chantiers. Sa démarche, très favorablement accueillies par les étudiants et étudiantes, est soutenue par l’ensemble de l’équipe et de la direction. 

Ses projets en cours

Avec son équipe, elle travaille actuellement avec le Laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique de Saclay sur l’intelligence artificielle dans le cadre d’un projet de thèse. L’objectif est de permettre une navigation vidéoludique d’un site de fouille, généré à partir de modèles 3D et permettre de visiter virtuellement le site pour y faire des annotations, des mesures ou encore des vérifications, en collaboration avec d’autres spécialistes qui n’ont pas eu la possibilité de se rendre sur place. Cela permettrait aussi de gagner du temps sur les chantiers et de travailler à moindre coûts. Par ailleurs, en plus de cette collaboration avec l’équipe du Laboratoire Interdisciplinaire des Sciences du Numérique (LISN, CNRS/Univ PARIS-SACLAY), l’équipe du laboratoire travaille avec Noovae, une jeune entreprise spécialisée dans la réalisation de modèles 3D destinés au grand public. Ce projet pourra ainsi s’étendre au grand public et favoriser, dans une certaine mesure, la médiation scientifique.

​Ce qu’elle apprécie dans son tr​avail

Frédérique Marchand-Beaulieu souligne la richesse offerte par la diversité des profils et des spécialités que l’on retrouve sur les sites de fouilles. C’est pour elle une des facettes les plus intéressantes de son métier, qui ne peut se faire selon elle sans l’esprit d’équipe. Elle apprécie par ailleurs mettre en valeur, par la photogrammétrie notamment, des vestiges qui ne sont pas toujours très lisibles. Cela a ce double avantage d’être utiles aux archéologues dans la cadre de leur recherche et de permettre une valorisation de la recherche en rendant les vestiges compréhensibles au grand public.