Portrait d'Alexandra Frénod, ingénieure d’études au Gemass

Interview Sciences humaines et sociales

​Découvrez le parcours d'Alexandra Frénod, ingénieure d'études CNRS au Gemass, dans cette interview. Elle nous présente son rôle essentiel en communication et édition au sein du laboratoire, ainsi que les qualités nécessaires pour réaliser ses missions.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Alexandra Frénod, je suis ingénieure d’études CNRS au Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne (Gemass, CNRS/Sorbonne Université).

Quel a été votre parcours ?

J’ai tout d’abord suivi des études de Langues étrangères appliquées en anglais et en allemand à l’Université Paris-IV (devenue Sorbonne Université), avant de passer une maîtrise à l’USHS (ex Université Marc Bloch - Strasbourg II) en traduction spécialisée. Au terme de cette maîtrise, j’ai effectué un stage dans les années 1990 au Carrefour des littératures européennes de Strasbourg, une manifestation littéraire locale annuelle. Ce stage s’est transformé en CDD, puis en CDI au Parlement international des écrivains, association issue du Carrefour des littératures en réaction aux premiers attentats islamistes en Algérie contre les écrivains. J’ai accompagné cette structure associative qui a finalement duré dix ans, en m’occupant plus particulièrement du réseau des villes-refuges, pour lequel il s’agissait de mettre en relation des écrivains et des artistes menacés dans leurs pays avec des villes européennes et américaines s’engageant à les accueillir en résidence temporaire.
Après cette expérience, j’ai ressenti un grand épuisement professionnel et le besoin de réaliser un bilan de compétences afin de redéfinir les conditions de la suite de mon parcours. La fonction publique m’a alors paru une bonne piste d’atterrissage… en vue d’un bon redécollage.

Pourquoi avoir choisi le CNRS ?

Mon père, ancien ingénieur d’études en informatique au CNRS, m’avait parlé des concours d’ingénieurs et techniciens de l’établissement. J’ai suivi ses conseils et passé un concours en 2005 sur un poste en édition/communication au Gemass, que j’ai intégré en 2006. Le poste m’intéressait vivement au vu de mon expérience précédente au Parlement international des écrivains qui aussi, en aval du réseau des villes-refuges, publiait une revue en sept langues.

Quelles sont vos missions et avec qui travaillez-vous ?

À mon arrivée, je me suis vue très bien installée, dans un laboratoire plus que confortable, mais, par rapport à mes précédentes missions associatives, je ne me sentais pas débordée par le travail en perspective. J’avais essentiellement en charge une lettre d’information semestrielle déjà existante, l’animation d’un site web à l’époque statique (les bases de données commençaient à peine à émerger) et la relecture, de temps à autre, de manuscrits de collègues mais, globalement, je trouvais mon poste assez mal identifié. Car, si j’avais bien le profil pour les activités éditoriales concernant les contenus écrits, je n’avais pas de compétences techniques particulières pour manier les outils supports, de mise en page ou de gestion web. J’ai trouvé mes marques en suivant plusieurs formations heureusement proposées par le CNRS.
Mais très rapidement, j’ai eu envie de me tourner vers l’aide plus directe à la recherche. Sur proposition du DU d’alors, Mohamed Cherkaoui, j’ai commencé à intégrer des projets collectifs du laboratoire, notamment en réalisant des entretiens qualitatifs dans le cadre du projet « Perception des inégalités et sentiments de justice en France », soutenu par l’Académie des sciences morales et politiques (2009-2011), puis sous la direction du DU suivant, Olivier Galland, dans le cadre du projet ANR « Dynamique des inégalités : la formation des représentations » (2012-2015); dans ce contexte, j’ai activement contribué, sous la direction de Michel Forsé et Caroline Guibet Lafaye (directeur et directrice de recherche au Centre Maurice-Halbwachs), à la réalisation d’une première enquête auprès d’enfants âgés de 6 à 10 ans puis d’une seconde enquête auprès de trois générations de mêmes lignées familiales, visant à cerner la transmission à l’intérieur de la famille des représentations des inégalités sociales. J’ai ensuite participé au projet de recherche, « Les jeunes et la radicalité religieuse et politique », porté par Olivier Galland et Anne Muxel (directrice de recherche au Cevipof) dans le cadre de l’appel à projets du CNRS « attentats-recherche » lancé à la suite des attentats de 2015 à Paris, et dont j’ai largement coordonné la phase qualitative. Pour chaque projet, j’ai également été associée à l’analyse des résultats, à la rédaction de documents de synthèse et à la publication d’articles et d’ouvrages.
En cohérence avec le déploiement de mes activités qui me donnait pleine satisfaction et pour mieux asseoir la redéfinition de mon poste, j’ai demandé en 2018 à changer de BAP, de la F pour la D. Depuis, avec le soutien confirmé du nouveau DU, Michel Dubois, je m’investis dans tous les projets de recherche auxquels mes collègues chercheurs proposent de m’associer.

Pouvez-vous nous présenter spécifiquement votre mission de correspondante communication et édition et le poids qu’elle représente dans vos journées de travail ?

Celle-ci représente aujourd’hui environ 50 % de mon temps de travail. Elle consiste principalement à animer le site web du Gemass, refondu de manière collective à l’occasion de la crise de la Covid-19, et de son compte Twitter (mais sans frénésie), à mettre en forme et envoyer aux listes de diffusion et aux correspondants institutionnels de l’unité une newsletter mensuelle qui récapitule les actualités du laboratoire du mois passé. Je relaye également au sein du réseau de contacts du Gemass les informations en relation avec les événements scientifiques, nationaux et internationaux, organisés par les membres du laboratoire, auxquels il m’incombe éventuellement d’apporter un soutien logistique. Je participe également à des actions de médiation scientifique à l’occasion notamment de la Fête de la science ou de Pint of science, par exemple dans une école du même quartier que le site Pouchet ou en partenariat avec des communes ou des structures associatives en région parisienne.

Au cours de l’année, je travaille régulièrement en lien avec le service communication mutualisé de l’UAR Pouchet, dont je sollicite notamment les compétences en graphisme (par exemple, pour la mise en place de la dernière charte graphique du laboratoire) ou en réalisation et montage (notamment pour un projet en cours de présentation vidéo des membres du laboratoire).

Qu’aimez-vous le plus dans cette mission ?

J’aime tout ce qui touche à l’écrit, en particulier la valorisation éditoriale des données scientifiques issues de projets de recherche. C’est pourquoi, depuis quelques années, je co-dirige des ouvrages consistant notamment à réunir, mettre en forme et contextualiser des entretiens, ce qui représente un véritable travail éditorial et de transmission vers le grand public. Sont ainsi parus en 2022 On ne va pas y aller avec des fleurs. Violence politique : des femmes témoignent (avec Caroline Guibet Lafaye, dir., Éditions Hors d’atteinte) etETA. Euskadi Ta Askatasuna. Témoignages de quatre générations de militantes et militants (avec Caroline Guibet Lafaye, dir., Éditions libertaires). Un autre livre, sur les Brigades rouges en Italie paraîtra prochainement.
Dans le cadre des phases qualitatives des projets auxquels je contribue, j’aime aussi beaucoup la part de travail qui consiste à rechercher et à créer des contacts. Somme toute, ce que j’apprécie dans mon métier c'est d'une part l’aspect investigation et d’autre part le relais auprès du grand public d’informations scientifiquement documentées.

Quelles sont selon vous les qualités requises pour être correspondante communication et édition ?

Il faut faire preuve d’attention et de curiosité, savoir mener une bonne veille, s’adapter à l’évolution permanente des outils de diffusion et des pratiques professionnelles qui y sont liées, pour sélectionner, restituer et diffuser l’information de la façon la plus pertinente possible.